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précedent suite Accueil Ce spectacle a attiré une foule très nombreuse et très enthousiaste. Les journaux relatent ce meeting des jours durant. Peu à peu, l'habitude est prise d'organiser un meeting tous les ans. La veuve d'Auguste-Ferdinand Petijean qui n'habite plus la ferme prête le terrain à ces occasions, à charge des pilotes locaux de l'équiper d'accessoires minimum pour ces occasions ( manche à air, T... ) semble-t-il. Jean Moreau, ancien Capitaine chef de la SPA 93, chef de file des pilotes icaunais, rêve de voir la plaine des Isles devenir un aérodrome permanent. Après avoir succédé à son père à la tête de la petite industrie de spécialités patissières familiale, il devient Conseiller Municipal en 1925 et porte son projet d'aérodrome. En 1927 il obtient un accord de principe de la part de la Municipalité, du Conseil Général et du Ministère de l'Industrie ( avec la CCI d'Auxerre comme partenaire ) pour acheter le terrain, aménager ses accès et y construire les installations nécessaires ( hangars, cuves à carburants et huile, aérogare, signalisation aéronautique...). Il faut ici re-situer l'époque. Les années 30 voient l'aviation continuer ses progrès à une vitesse ahurissante, les records de vitesse, d'altitude ou de distance se succèdent ...On imagine alors que l'avion va devenir un outil indispensable du progrès, au même titre que l'automobile et du train, voir les suplanter. Jean Moreau n'a de cesse de rappeler aux autorités locales que si Auxerre avait manqué le rendez-vous du chemin de fer à la fin du siècle précédent ( la société du PLM s'était installée à Migennes y créant de nombreuses infrastructures et de nombreux emplois, amenant une population supplémentaire importante et dynamique ) , la capitale icaunaise ne devait pas rater "le train de l'aviation". Connu et apprécié dans le monde de l'aéronautique, il joue de ses nombreuses amitiés et pratique ce que l'on appelerait aujourd'hui un lobbying important. Mais, en 1930, quand Michelin sort son premier Guide des terrains d'aviation ( il recense alors 150 terrains officiels ), Auxerre n'y apparait pas ! Et pourquoi donc ? En fait, c'est très simple.Nos élus et fonctionnaires, s'ils imaginent peut être l'intérêt d'investir dans l'aviation voient surtout en bons bourguignons à la Guy Roux "les sous que ça va coûter" ! Chaque partenaire s'évertue à lier sa participation à celle des autres, en essayant bien entendu de débourser le moins possible ! Pourtant, les efforts de Jean Moreau ouvrent des pistes. La jeune industrie aéronautique française, très concentrée à Paris et sur quelques sites dans le sud cherche à se développer, si possible pas trop loin de Paris pour d'évidentes raisons et assez loin du voisin allemand qui semble faire à nouveau parler de lui, au sujet duquel les anciens alliés de la grande guerre n'ont pas les mêmes visées. La sécurité de la France semble déjà s'étioler. La ville de Bourges, notre voisine, cité de l'industrie d'armement historique se lance à fond vers l'aviation. Un terrain est créé à Bourges avec un aérogare ultra moderne, une usine Farman vient s'installer et le terrain militaire d'Avord connait un accroissement important. La ville de Nevers, elle aussi très proche, accueille une usine Amiot et de nombreux sous-traitants. Cette industrie emploie une main d'oeuvre nombreuse, notament des femmes très appréciées pour les travaux d'entoilage et les petits assemblages électriques. Ces deux villes connaissent un accroissement de leur population très significatif. En 1930, Auxerre est "auditée" par une "comission d'experts" ( eh oui, cela existe déjà ! ) de l'industrie aéronautique et de militaires. Monsieur Henri Potez, plus gros avionneur français de l'époque vient même en personne "visiter" notre bonne cité icaunaise. Le verdict est exellent. Les industriels apprécient la ville capable d'accueillir leurs employés, les établissements Guillet en difficulté semblent en mesure de servir de base à une implantation industrielle, ils apprécient aussi particulièrement les moyens de communications "modernes" et variés ( RN 6, Voie ferrée et canal ). Les militaires, eux apprécient le terrain des Isles, au bord d'une ligne droite de l'Yonne en mesure d'accueillir des hydravions, un terrain au sol et à la taille en mesure d'accueillir parfaitement des chasseurs, correctement des avions bimoteurs moyens, il n'y aurait que les bombardiers lourds qui n'auraient pas des conditions idéales. Auxerre et Joigny, deux villes de garnison pourraient bénéficier de ce terrain pour leurs liaisons avec leur Division.L'usine pyrotechnique d'Héry existe déja, Chemilly sur Yonne accueille un dépôt de munitions important et il y a un très grand projet d'établir un atelier de chargement d'obus à St Florentin ( Chéu, Jaulges et Varennes ). Ah ah, tout va bien donc....et bien rien, nada ! Rien ne se passe, si l'on peut suivre dans la presse locale de l'époque un débat concernant ces projets, je n'ai pas trouvé la raison officielle de cet immobilisme! Il semble que déja à l'époque, les entreprises vont là où elles sont le mieux reçues et il semble bien que nos élus locaux tiennent bourse fermée !
origine Internet inconnue
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Livre d'Or ACY
collection Bruno Durringer
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Les années folles
En 1911, quand notre ami Pierre Daucourt pose son aéroplane plaine des Isles, le terrain appartient depuis 1840 à la famille Petitjean. Auguste-Ferdinant y habite avec son épouse et exploite la ferme, alors à quelques kilomètres d'Auxerre. Cet appareil qui"tombe"du ciel attire rapidement une foule nombreuse et curieuse, pensez donc, nos paysans icaunais voient déjà peu "d'automobiles", alors un avion...Le vol des frères Wright aux Etats-Unis ne date que de quelques années et la traversée de la Manche par un certain Louis Blériot est encore dans toutes les mémoires. Une fois dépanné, notre vaillant pionnier redécolle sans difficulté. Mais, me direz-vous, que faisait il là ? A l'époque, l'expression "vol à vue" est à prendre au premier degré, il suivait simplement comme un fil d'Arianne le cours de l'Yonne et la voie ferrée du PLM. Si l'on en croit Candide, les mêmes causes ayant les mêmes effets, ce terrain plat et dégagé, facilement repérable à proximité d'une "grande ville" va permettre à de nombreux pilotes en difficulté de se poser dans les années qui suivirent. La guerre de 14/18 va permettre à l'avion de faire des progrès phénomènaux à un rythme qu'aucune machine n'a connu auparavant ! De frêle engins de toile et de bois, volant en pétaradant tenant l'air par miracle, l'avion va devenir un véritable "outil" comme le définira plus tard St Exupéry, de plus en plus gros, plus lourd, plus rapide et plus fiable. Pendant cette guerre terrible qui ne devait durer que quelques mois, les autorités françaises ont "médiatisé" les pilotes, notament pour faire oublier les conditions de vie déplorables des Poilus dans leurs tranchées, sous la pluie, le vent et le froid sur un front figé.On invente le titre "d'AS" pour tout pilote titulaire de 5 victoires confirmées. Les journaux racontent leur vie et leurs exploits au jour le jour. Des Fonck, Nungesser et autres Guynemer deviennent de véritables idoles au sens moderne.C'est exellent pour le moral à la fois des Poilus qui voient enfin des vainqueurs et pour la population civile qui n'imagine ni ne veut croire aux conditions de vie au front. La guerre terminée, ces pilotes et ces machines se retrouvent pour ainsi dire "au chômage"....mais quand on a goûté au danger et aux joies du vol, il est difficile de s'en passer. Ces pilotes vont prendre l'habitude de mesurer leur talent et leur courage lors de "Fêtes aériennes" qu'ils organisent un peu partout.au travers d'une association, la SPA ( Société de Propagande Aéronautique ). Auxerre ayant ses héros des airs, il est logique que la plaine des Isles, terrain préféré des aviateurs locaux reçoive son premier "meeting" dès 1922.
Archives Départementales
J ean Moreau va pourtant sortir le grand jeu. Le 14 mars 1929, il rassemble un aéropage de personnalités politiques et aéronautiques ( souvent les deux ) qui délibèrent la création de l'Aéroclub de l'Yonne ( ACY ) , l'organisation d'une soirée de gala le 27 de ce même mois ainsi qu'un grand meeting aérien au plateau extraordinaire ( décret de création de l'ACY parait au JO le 16 mai 1929, président:Jean Moreau) . La présence dans cet aéropage d'Etienne Flandin, élu de l'avallonais, ex sous-secrétaire d'Etat à l'aéronautique militaire en 14/18,Président de l'aéroclub de France et vice-président de l'assemblée, Jean-Michel Renaitour député de l'Yonne et Roger Ribière conseiller général apporte la médiatisation espérée. Les élus locaux commencent à s'agiter un peu. La journée de gala de ce 27 mars est un succès populaire extraordinaire. On projette un film sur l'aviation ( le cinéma fascine encore ), Pierre Daucourt alors Commandant de réserve tient une conférence ainsi que le Commandant Weiss, ami personnel de Jean Moreau. Le meeting rassemble enfin le 1 septembre 17 appareils qui rivalisent de talent et d'audace entre les mains de Daucourt et Weiss bien connus dans notre ville, mais aussi aux mains de célébrités comme Maryse Bastier, Hélène Boucher, Michel Detroyat champion de voltige, René Fonck As de la grande guerre, Sadi Lecointe détenteur de records d'altitude, ainsi que du capitaine Léon Challe, digne représentant d'une grande famille d'aviateurs aux origines icaunaises. Un jeune chanteur qui monte fait une halte au meeting avant de rejoindre le sud de la France, un certain Maurice Chevallier, ainsi qu'un représentant du ministère de l'Air. Jean Moreau en profite pour redire le besoin de l'ACY de disposer d'un terrain digne de ce nom, relayé par un discourt dans le même sens de Monsieur E Flandin. Peu à peu, la ville promet un budget de 250 000 francs, le département autant, et la CCI propose 80 000 francs.On demande l'aide du ministère de l'air en mai 1930. En novembre, coup de théatre providentiel ( Jean Moreau y serait il pour quelque chose ?), l'état se déclare acquéreur du terrain pour y implanter un aérodrome international de secours le long de la ligne PLM. Les fonds locaux seront utilisés à aménager les abords du terrains et ses accès. Date de livraison prévue, 1 septembre 1931. Malgré un nouveau remaniement ministériel, les promesses seront tenues, le decret de création de l'aérodrome d'Auxerre-Plaine des Isles parait le 23 novembre 1932. Des travaux continuels vont enfin avoir lieu plaine des Isles jusqu'en 1938 . Hangars, cuves à essence, à huile, électricité, équipements radio et gonio, balisage de nuit conduisent le terrain au statut d'aéroport international nuit et tous temps. Pendant ce temps là, l'ACY se développe à un rythme qui ferait pâlir les dirigeants actuels à Branches. Pilotes hadérents par centaines, élèves pilotes par dizaines, un parc d'une quinzaine d'avions....La toute jeune Armée de l'Air installe à priori une compagnie de l'air ( pas de traces officielles, mais forte probabilité ) pour armer les services radio et météo ainsi que l'entretient général des installations. On y instruit les réservistes de l'AA et du Service de santé ( avions sanitaires ) et on y conduit des grandes manoeuvres aériennes ( évidement, à l'échelle de l'AA française de l'époque, quelques avions de temps en temps...). Bref, ACY et AA se cotoient dans une exellente ambiance aéronautique joyeuse, que la montée des périls à venir trouble à peine, amenant au contraire des sections vivantes supplémentaires de l'Aviation Populaire ( pilotage, vol à voile, mécanique aviation...) dont nous allons reparler dans le chapitre suivant.